Maison de village au bord de l’étang |
LINEYNOYE----------------YASHKUL’
172KM / 8107 (ben voilà, déjà plus de 8000 bornes depuis PEKIN !) D=270m 7h00/ 18h30
(Chronique pour la FFCT)
Aujourd’hui, je n’ai pas de chance.
J’avais
choisi cette journée pour en faire une chronique que je pensais bien
remplir , me disant qu’en tant de kilomètres, nous verrions tellement de
choses, qu’il me faudrait surement en couper pour que cela rentre dans
nos créneaux d’édition.
Hélas,
entre Lineynoye et Yashkul’, le paysage, hormis quelques beaux étangs
salés les premiers kilomètres, se met rapidement à ressembler aux longs
moments monotones du Kazakhstan.
Alors,
comment voulez vous que je vous passionne avec ce décor là : de la
steppe de très belle facture, certes ; des bruns bien bruns, des jaunes
bien jaunes, et des verts bien verts, mais d’une platitude exaspérante
sur la distance (172 km).
Cerise
sur le gâteau, une grande partie du coté droit de la route avait eu
droit à la politique de la « terre brulée » : cela ne vous incite pas à
la poésie.
Steppe et marais |
Je
peux tout de même vous dire que nous avons démarrés vers 7h00 sur une
route en creux et bosses, gommant un peu l’ennui dû au relief totalement
plat, et le vent est pour nous, ce qui nous donne une moyenne
confortable.
Au
kilomètre 55, une poignée d’entre nous s’est arrêté sur un de ces
magnifiques « parkings-aire-de-repos », ornés de déchets de toutes
sortes, d’un WC de type chinois, (pour nous c’est la référence), et d’un
trottoir pour s’assoir. Le but étant une pause alimentation, ce fut
vite fait.
Nous savions, par des contacts locaux, extrêmement sérieux
sur ce point, qu’il devait exister un bar au kilomètre 85, environ. Le
mouvement de notre pédalée nous rapprochait assez rapidement de ce point
touristique intéressant.
Déjà
pleins de vélos, appuyés contre les murs de l’établissement, montrent
le sérieux des prestations proposées. Une épicerie accolée comble les
éventuels manques du bar.
Evidemment,
je me fais avoir avec un litre de Coca tiède, que j’avale quand même,
parce que j’ai un peu soif, et que cela fait une pause, l’endroit étant agréable.
Mon
breuvage ingurgité, je repars dans un petit groupe comprenant Patrick
Le-Saux, détail qui aura son importance, nous le verrons plus tard.
Et
c’est là que je place mon premier atout inespéré : alors que nous
sommes lancés à un train d’enfer vers le point de pique-nique (talonnés
par les trois serre-files car nous avons un tantinet trainés), je vois
dans la steppe des trucs bizarres qui bougent au loin. Arrêt d’urgence,
j’attrape mon appareil, et, le zoom déployé, j’informe Patrick : « C’est
des oiseaux ! », ce qui n’était pas évident au premier abord.
Patrick est un passionné d’ornithologie, et regarde les bestiaux de plus près : « Ce sont des Grues cendrées ! ».
Des
Grues dans ce paysage, cela mérite de s’approcher, mais elles
s’envolent aux premiers pas vers elles. Réenfourchant nos bécanes, sous
l’œil moqueur des serre-files (qui aimeraient bien que l’on avance plus
vite), nous faisons quelques kilomètres, et revoyons les volatiles de
nouveau dans la steppe.
Ce
coup-ci je m’avance plus prés du sol et réussi enfin un ou deux clichés
qui permettent de mieux voir ce bel oiseau. (Voir les photos du jour)
Les grues cendrées |
Comme j’étais allé assez loin, je ne vous raconte pas l’humeur de notre arrière- garde, qui voyait l’heure du repas reculer.
Puisque j’en viens à parler de cette fonction au sein du PPL, je vais vous en donner quelques précisions :
Les serre-files se désignent eux même à Michel Arnoult qui en gère l’utilisation.
Comme
leur nom l’indique, ils restent en arrière du groupe, attendant celui
qui est allé faire une photo, acheter une banane, taper la discute avec
un local, boire un coup, s’arrêter pour un besoin urgent, sans oublier les ennuis techniques divers.
Pour ceux qui souffrent d’un coup de pompe, il s’agit de remonter le moral, et d’abriter du vent les plus faibles.
Les participants ont donc pour consigne de garer leur vélo bien en vu pour ne laisser personne derrière.
Et aux regroupements, on se base sur leur arrivée pour déclarer le groupe au complet.
Serre-file est donc un boulot assez dur, c’est pour cela que ce ne sont jamais les mêmes d’un jour sur l’autre.
À l’endroit du casse-croûte, belle vue sur la steppe, nous en repartons bons derniers.
Nos
serre-files se voient déjà en train de rattraper l’avant-garde, en
poussant les retardataires dans leurs retranchements. Il ne faut pas
leur en vouloir, c’est leur rôle, et il est vrai que ce n’est parfois
pas rigolo de rouler derrière des gens épuisés ou qui font trop d’arrêts
photos.
Mais…, horreur !, le vent de dos s’est changé pendant le repas en un abominable vent de face, bien fort.
Mais…, Patrick était parti quelques instants avant nous, et me hèle depuis un pylône électrique, à 50m de la route. « Y’a
un aigle là-bas ! ». Qu’auriez vous fait ? Je saute du vélo en marche,
dégainant dans le même geste mon appareil photo, (au diable les
serre-files !), et fonce vers le pylône.
Et
Patrick, pas peu fier de m’expliquer qu’il avait repéré un grand aigle,
qui essayait de l’emmener loin dans la steppe en mimant une blessure
(il parait que c’est un comportement classique), pour protéger un plus
jeune, apparemment blessé qui était immobilisé au pied du pylône. Vous
devriez donc voir une photo Patrick, ému et la larme à l’œil, tenant
l’aigle, dans les photos du jour.
Même nos pousseurs en avant ont admis que cela valait le détour.
L’aiglon et PATRICK |
Bon,
il faut quand même finir les 80 bornes qui nous restent, et cela sera
très long, car le vent est de plus en plus fort, et nous de plus en plus
fatigués, et le décor toujours aussi immuable.
Les relais s’organisent, et nous arrivons bien tard à Yashkul’, vers 18h30, où les premiers poireautent depuis une paire d’heures.
Nous
sommes attendus et une petite réception avec des costumes locaux nous
est donnée avant de prendre nos quartiers dans l’école, la douche et le
repas.
Des courageux vont assister à la finale de la coupe d’Europe (je crois), les autres vont direct au lit : l’étape a été rude.
80 bornes comme ça, vent de face pleins pots ! |
Réception à YASHKUL |
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire